Je suis devenu l’heureux propriétaire d’un appareil photo Salyut-S (acheté révisé chez Tiras Photo). C’est le prédécesseur du Kiev 88. Il est accompagné de très beaux objectifs : un MIR-3B f3.5/65, un JUPITER-36B f3.5/250, un Zodiac-8B f3.5/30, ainsi que le Vega-12B f2.8/90 qui était livré avec l’appareil. Cet appareil étant d’origine russe on le trouve aléatoirement avec le nom Salyut, Salut, Saliut suffixé d’un C ou d’un S. Ses objectifs eux ont souvent des V à la place des B. Dans les deux cas les différences sont dues à la translittération du cyrillique : C en S, B en V.
Ce sont de bons appareils et objectifs et ils ne coûtent pas un bras par accessoire contrairement à la marque suédoise qui n’est pas dans mon budget. Certains parlent d’un contrôle qualité aléatoire à l’usine de fabrication, mais les appareils encore fonctionnels sont à mon avis ceux qui ont bénéficié d’un peu plus d’attention, voire de zèle, à la fabrication.
J’utilise également un appareil à cartouches 135 (Ricoh KR-10 Super) pour lequel je remplis moi même les cartouches avec de la pellicule 35mm achetée en bobines de 30 mètres (Fomapan 400 ou parfois Ilford HP5+). Cela peut se faire à la main, ou à l’aide d’une bobineuse (AP Bobinquick Junior) et cela permet de varier le nombre de poses.
Le Salyut, lui, utilise de la pellicule au format 120 qui donne 13 poses. Cette pellicule fais 61mm de large, ne comporte pas de perforations et utilise un papier opaque pour faire avancer le film ainsi que le protéger de la lumière. Ce film n’est pas donné, par exemple la HP5+ est à 7,10€ et la DELTA-3200 à 9,25€. J’aimerais bobiner ces pellicules moi même mais le film de 61mm de large n’est pas (ou plus) commercialisé.
Il existe bien des adaptateurs permettant d’utiliser des cartouches 135 dans des appareils utilisant des pellicules 120. On expose alors l’entièreté des 35mm et les perforations feront partie de l’image finale, comme ceci par exemple. L’effet est sympathique. L’emplacement des bobines dans l’appareil fais que l’image correspond à une bande verticale de 3.5x6cm située au milieu de l’image vue dans le viseur. L’appareil étant au format carré il n’est pas agréable à utiliser retourné à 90 degrés pour obtenir des photos au format paysage. J’écarte donc cette solution.
Le Salyut-S ne dispose officiellement que de dos pour les pellicules 120. Cependant cet appareil est une copie d’un Hasselblad (1600 ou 1000 selon les sources) et il existe un dos dans un format bobinable qui est assez répandu, le dos A70. Il se charge avec des cartouches de pellicule perforée de 70mm, et, on trouve encore du film das ce format.
Je n’ai pas trouvé d’informations à propos du mariage d’un Salyut-S et d’un dos Hasselblad A70, mais j’ai vu quelques commentaires qui parlaient de la compatibilité des dos A12 sur Kiev-88. Certains parlent d’adaptations non précisées, d’autres disent que ca fonctionne d’office. Un commentaire en particulier mentionne que sur les dos Salyut ainsi que sur les anciens dos Hasselblad il existe un trou au dessus de la roue d’entrainement. Face à ce trou, sur le corps du Salyut, un petit ergot sort momentanément en fin de remontage. Il est important que ce petit ergot puisse sortir librement du corps de l’appareil sans quoi le mécanisme pourrait casser. Impossible donc à priori d’utiliser d’autres dos que ceux disposant de ce trou sur mon Salyut.
Par chance, les dos A70 ont ce trou, j’en ai donc cherché un qui serait vendu avec les fameuses cartouches de 70mm. La plupart des offres sont à des prix effarants, et sans cartouches. Je n’ai pas l’impression qu’il s’en vends beaucoup je n’ai donc pas eu de mal à négocier pour un lot comportant trois cartouches.
Une fois le dos arrivé l’accouplement est tenté. Première constatation, les lèvres qui assurent l’étanchéité à la lumière entre le dos et le corps sont à la bonne place, c’est un soulagement car modifier ce point aurait été assez complexe. Seconde constatation, moins bonne cette fois ci, la roue d’entrainement du Salyut est légèrement plus large que l’ouverture du dos. Et, enfin, le trou pour le petit ergot semble bien juste et un peu décentré. Il n’y à aucun mécanisme derrière ce trou, je n’ai pas compris l’utilité de l’ergot.
La face noire qui se colle au corps de l’appareil photo se démonte facilement et permet d’accéder à la mousse d’étanchéité à la lumière, qui est à changer. J’ai utilisé une mousse autocollante de 2mm. A l’aide d’une petite lime le trou rectangulaire est rapidement agrandi, et un forêt de 3mm permet d’agrandir le trou circulaire juste assez pour que l’ergot soit à l’aise.
Le démontage de ce dos est simple et ne nécessite pas de décoller le revêtement. Quelques vis à l’intérieur permettent de retirer le capot droit et d’accéder au mécanisme. Il est très sale.
Une fois limage et perçage terminés il est temps de tester le dos. Ce dos possède un palpeur de présence de film on ne peut donc pas le tester à vide. Un peu de film 70mm est donc sacrifié et bobiné dans une cartouche adéquate.
L’accouplement avec le Salyut-S se passe beaucoup mieux, le déclenchement fonctionne, l’avance du film semble se faire mais l’indicateur d’armement du dos ne passe pas au blanc et reste au rouge. En avançant très légèrement le film à l’aide de la molette papillon dédiée à cet usage, l’indicateur finit par passer au blanc. Après de longs moments à tester et contempler ce mécanisme j’ai compris que la position de retour de la roue dentée qui s’interface avec l’appareil n’était pas tout à fait bonne et l’équivalent d’une dent sur le parcours à effectuer était perdu. En observant l’éclaté, une pièce s’appelle justement « Return stop » c’est la pièce 54, bien visible en plastique blanc en haut à droite du mécanisme.
Les vis 53 permettent l’ajustage de la pièce 54 « Return stop ». Le mécanisme ainsi réglé retrouve son fonctionnement normal et avance bien d’une vue complète lorsque l’appareil est remonté. Le tout est nettoyé, huilé, et la peinture rouge et blanche des deux indicateurs est refaite à l’aide de vernis à ongles pour la partie rouge et de peinture légèrement phosphorescente pour la partie blanche.
Il y à une modification que j’ai apportée à ce dos au cas ou ce problème d’avancement incomplet se produirait. Normalement lors du chargement du film on doit tourner la molette papillon d’avancement jusqu’à ce que le mécanisme la bloque. En cas de non avancement complet, ce blocage sera gênant. J’ai donc, au moins temporairement, désactivé cette partie du mécanisme au cas ou ma réparation ne soit pas aussi finale que je l’imagine.
Une fois le dos chargé avec du film voici le résultat obtenu :